Nasrin, ma petite-fille, ma beauté, mon cœur, même si tu oublies le son de ma voix, la couleur de mes cheveux, le grain de ma peau, souviens-toi de l’odeur des gâteaux que je te préparais, souviens-toi des chansons persanes que je te fredonnais, souviens-toi des rives d’Abadan où ton grand-père et moi t’emmenions nager petite, souviens-toi de l’estuaire commun de l’Euphrate et du Tigre que nous appelons Avandrüd chez nous.
Nasrin, mon avenir, ma descendance, où que tu sois, là où tu créeras ta famille sera chez toi, souviens-toi que les frontières n’existent pas, une invention pour assouvir le pouvoir de quelques-uns.
Souviens-toi des rives d’Abadan et des contes persans qui sont universels.
Comme la plupart des contes.
Nasrin, souviens-toi de ta naïveté d’enfant à chérir toute ta vie, même si des gens mal élevés essaient de te faire croire le contraire, la vie est une bénédiction, si on te soutient le contraire, laisse-les sombrer dans la noirceur de leur âme atrophiée.
Souviens-toi que naïveté ne signifie pas idiotie.
Nasrin, un jour, sans savoir pourquoi, tu te souviendras de ces paroles, les dernières que j’aurai prononcées avant de retourner sur les terres qui m’ont vu naître.
Je ne sais pas quand tu t’en souviendras Nasrin, ma douceur, mon joyau, mais ce jour-là fais ce que tu dois faire.
L’image de sa grand-mère maternelle se dissipa dans un nuage orangé.
Nasrin se réveilla doucement dans la clarté légèrement tamisée du salon, sur le canapé où elle s’était assoupie, le livre qu’elle lisait reposant ses genoux. Elle s’ébroua, s’étira, chassant les derniers instants oniriques et réalisa pleinement où elle se trouvait. Son petit-fils à quelques pas d’elle jouait avec la pierre de son collier qu’elle avait posé sur la table basse. Il riait aux éclats. Les voix de sa fille et de son gendre parvenaient de la cuisine. Elle s’approcha de son petit-fils et porta la pierre dans un rai de lumière pour qu’il découvrît l’inclusion naturelle en son cœur dessinant avec netteté les rives d’Abadan d’antépipelines de pétrole.
Ils se sourirent. – Oui c’est beau. – Tu me lis une histoire ? – Oui nous avons le temps avant d’aller nous promener au bord de la rivière.
Son petit-fils alla chercher le livre de contes dont il ne se lassait pas.
Au fil des mots lus, l’enfant-grand-mère naïve et le petit enfant ingénu s’envolèrent sur le dos de Simurgh.
Plumes de Simurgh,
Un géant s’en est servi
Pour transcrire un conte.
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Magnifique texte et merci pour la vidéo je ne connaissais pas j’aime beaucoup ! Bon dimanche Louise 😉
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Que c’est beau cette histoire. Merci pour ce beau partage
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Sublime!
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Il faut décoller, ne serait-ce que par l’imagination : les frontières sont toujours des obstacles un jour franchissables. 🙂
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Oui !!!!! Merci, très bonne soirée
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Merci à vous, :-), très bonne soirée
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Merci pour votre lecture et vos mots, très bonne soirée
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Merci beaucoup, Rita Foruz est une chanteuse israélo-iranienne qui chante en hébreu et en persan, :-), très bonne soirée
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:-), merci beaucoup pour vos mots
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Très beau texte chère Louise. Apaisant et onirique. Bravo et merci
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« dans la noirceur de leur âme atrophiée »… tout est dit!
Magnifique texte qui prend aux tripes, si j’ose cette inconvenance. Merci Louise!
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Merci à vous, très bonne journée
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Merci beaucoup pour votre lecture et vos mots, 😊😃☀️, très bonne journée
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Il était une fois, Louise qui écrivait des contes, comme autrefois… juste quand la magie des mots opèrent si fort qu’on est transporté ailleurs, là où la naïveté des grand-mères rencontre la candeur des petits enfants… 🙂 O*
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Merci beaucoup pour votre lecture et vos mots, 😊😃
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wow
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Merci, 😀
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Très beau, merci Louise !
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Merci beaucoup pour votre lecture, 🙂
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« Nasrin, souviens-toi de ta naïveté d’enfant à chérir toute ta vie, même si des gens mal élevés essaient de te faire croire le contraire, la vie est une bénédiction… » … Je ne m’appelle pas Nasrin mais je m’en souviendrai, merci Louise !!
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Oui on peut mettre le prénom que l’on veut… 🙂 merci beaucoup pour votre lecture
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