Il ressent toujours une pointe d’appréhension dans l’heure qui précède l’arrivée d’un nouveau groupe. L’expérience parle. Rien ne peut jamais présager de la bonne suite ou conduite des évènements, rien ! Il aurait dû s’y faire depuis la fin des années 1970, date de son premier stage, hautement innovant, à l’époque, et comble de l’improbable aujourd’hui également ! À croire que rien n’a changé, ni évolué ! Ce rien qui colle à l’air du temps alors qu’il n’en est rien, comme il s’amuse à le faire remarquer. Daisuke pourrait vous en conter sur les plus de trois mille personnes qui sont passées par son refuge ; pas une seule ne ressemble à une autre, bien évidemment ajoute-t-il tant il est stupéfait de constater que cette évidence mérite d’être rappelée. De nombreux cas de figure ont été vécus, mais à chaque fois une nouvelle situation, au minimum, inédite, inenvisageable, inconcevable se présente, qu’il faut prendre en compte, inclure, parfois désamorcer avant que le groupe explose, se déchire, se disloque.
Les esprits chagrins prétendent que les comportements humains sont pourtant bien prévisibles – étonnés de découvrir que Daisuke peut s’afficher dépassé sans se désavouer avant de reprendre avec finesse les rênes du stage – suffit de connaître quelques schémas, toujours les mêmes, suffit d’être un tant soit peu attentif pour les repérer, quelques archétypes, toujours les mêmes également, et le tour est joué, point de nouveauté. Faux, leur rétorque Daisuke, année après année, groupe après groupe, folie, extravagance, prétention, aveuglement, ignorance que de croire qu’un être humain se résume à quelques mots, des fourre-tout qu’il suffirait d’intervertir, pour comprendre l’insaisissable, l’invisible, l’inconscient. Un être vivant en règle générale, si vous me permettez l’expression, dispose d’une subtilité, d’une intelligence qui demande à être découverte, le B.A.BA de la communication interhumaine, interespèces.
De là, un débat s’amorce, s’engage, se développe le temps du stage bien souvent et chacun repart avec une ou plusieurs questions. Daisuke ne s’en lasse pas. Cependant, une lancinante question s’est imposée ces dernières années, entraînant une cascade de conséquences qui aboutissent à ce jour, à ce dernier groupe qu’il attend un peu fébrilement au bout du chemin pour leur indiquer la route de la grange ne figurant sur aucune carte.
Lui qui depuis toutes ces années malaxe ces fameux mots « vivre ensemble », pour en extraire son meilleur nectar, pour permettre à des personnes qui ne savent plus vivre ensemble à pouvoir à peu près supporter autrui, parce que comme l’a écrit La Rochefoucauld « si nous n’avions point de défauts, nous ne prendrions pas tant de plaisir à en remarquer dans les autres » ; ces personnes à qui il doit rappeler à chaque fois qu’ils sont venus de leur plein gré pour tenter de renouer avec son prochain, voire avec la vie tout court parfois, pour essayer d’entrevoir autre chose qu’une contrainte dans l’autre, pour laver ces fameux mots désormais affublés d’un article et d’un tiret « le vivre-ensemble », pour les décortiquer, les aérer, leur rendre leur liberté, pour s’en débarrasser et pour passer de bons moments ensemble ou pas,
Lui, Daisuke, il en pense quoi de ce vivre ensemble qu’il organise sous forme de stage depuis une longue quarantaine d’années ? Il s’en gargarise, mais l’applique-t-il ?
Cette question l’a amené à s’inscrire pour la première fois à son propre stage et a laissé l’animation à un « petit jeune » comme il l’appelle, un trentenaire fringant, qui a postulé suite à un stage, bourré d’idées novatrices.
Pourquoi pas ?
Pour la première fois, il n’est pas dans le minibus à se présenter, à s’occuper des premières formalités, à délivrer les premières recommandations, à exposer la philosophie du stage, etc., etc.
Il est temps que Daisuke retourne se frotter à ses contemporains et ses contemporaines, à retrouver un anonymat salutaire pour apprécier les vertus de vivre seul ou ensemble, selon son humeur, sans s’occuper du bien-être d’un groupe, de la logistique, des aléas à résoudre plus ou moins, et voir si « sa » méthode fonctionne… Il serait temps !
© Louise Salmone
👌🏻❤🍀
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Le phénomène comportemental de l’individu est composé d’éléments de base qui sont présents depuis le premier jour: Le besoin des autres pour la satisfaction de son égo.
Le temps change, pas le fond de l’homme si ce n’est qu’à partir de la situation présente il adapte son concept.
Et comme le principe d’érosion installe la décadence, il devient de plus en plus égocentrique.
Merci Louise pour cet article sensible.
Bonne journée, je t’embrasse.
Alain
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Merci à vous pour votre lecture et cet éclairage personnel, :-), très bonne journée également et bonnes écritures !!!!!!!
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Merci beaucoup, très bonne journée, 🙂
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Quel plaisir vous lire Louise! 😊💛
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Après avoir lu longtemps Lacan – et essayé de s’orienter dans le labyrinthe de ses interprétations post-freudiennes – Daisuke (un admirateur de Duke Ellington) avait enfin inventé le concept-phare qui allait orienter désormais ses prestations : le stage du miroir. 🙂
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Un beau récit qui m’a touché et qui me donne l’idée d’aller moi aussi m’asseoir en anonyme prendre des cours de peinture chez des collègues , merci Louise et une bonne fin de semaine 😉
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Et alors, et alors, et alors, il fonctionne ce stage, Daisuke ?
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Merci, je suis contente que ces histoires vous plaisent
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:-), j’ai bien ri, Lacan se serait peut-être aussi marré, il avait le sens de l’humour, quant à Daisuke, prénom masculin japonais, il signifie grand (dai) et aide (suke) ou grand intermédiaire,
🙂
très bonne journée
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Excellent ! et faites-nous part de cette expérience comme vous savez si bien les écrire ! merci à vous et très bon week-end
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A priori oui, mais il en est le fondateur donc il ne va pas tout à fait se renier non plus, :-), merci pour votre lecture, très bonne journée
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C’est remarquable d’intelligence. Je suis rien pour afficher ce type de phrase, mais c’est l’émotionnel de la raison qui me donne envie en le lisant que croire en les autres. En toi, par exemple ou en moi, que deviendront alors étrangers à nous-mêmes, plein de jeunesse et d’idées nouvelles.
suis un peu crevé…
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C’est le phénomène fin d’année, moins de lumière, qui rend les esprits plus fatigués, plus ouverts aussi parfois, :-), merci beaucoup pour votre lecture, et je vous le dis car je ne le fais pas à chaque fois sur votre site c’est toujours un grand plaisir de découvrir les artistes que vous présentez et les articles que vous écrivez, :-), très bon week-end
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en espérant que le petit nouveau a bien compris la méthode Daisuke !! …
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Oh il apportera bien quelques nouveautés à cette bonne vieille méthode 🙂 … Merci pour votre lecture, très bon week-end
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belle journée !!
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