Après l’Ultime Crise, de nouveaux paradigmes sont apparus. Logique. Quelques résidus parfois tenaces du monde d’avant collaient à la semelle et à l’esprit de certains et certaines. Logique. Des êtres fragiles pouvaient être perturbés par ce chamboulement qui n’a surpris personne, à l’exception de ceux-ci et de celles-ci qui refusaient de voir.
Prenez Anaïs par exemple, un archétype de la personnalité non adepte du changement. Sa trentaine d’années ne lui est d’aucune utilité, ne lui apporte aucune souplesse contrairement à ce que l’on aurait pu supposer.
Enfant, elle rêvait de s’intégrer quand elle sera grande dans le monde que ses ascendants avaient connu et à ce jour s’ingéniait à en reproduire, du mieux qu’elle le pouvait, les pires travers. Avec beaucoup de difficultés. Logique.
Le monde de jadis s’évapore, seuls les livres et les podcasts en gardent les traces, au grand dam d’Anaïs qui aurait aimé trouver par exemple un lieu anonyme, sans saveur, sans personnalité, d’une multinationale quelconque, une chaîne à travers le monde, une enseigne porteuse de sens tronqués, d’exploitations avérées, pour y boire un café infect et profiter d’une connexion wifi.
Pour en avoir entendu parler, elle aurait apprécié ces endroits dénués de chaleur humaine où s’installer avec son ordinateur et taper avec dextérité sur le clavier tout en consultant ses mails sur son téléphone portable. Elle aurait soufflé de temps à autre pour montrer à quel point elle était débordée sans vouloir le montrer, juste pour attirer l’attention sur son air condescendant.
Anaïs était programmée pour avancer et obéir comme une bonne petite soldate et incorporer un monde cinglé qui marchait sur la tête, « c’est ainsi, le monde ne changera pas, c’est à toi de t’adapter » lui a-t-on rabâché toute son enfance. Elle était destinée à suivre tous les diktats de ses parents, de la mode, etc., sans faillir, sans faiblir malgré son vieillissement prématuré, sa tristesse affligeante… Et patatras, le monde se casse la margoulette, un nouvel équilibre voit le jour, ce que l’on croyait impossible émerge, les derniers deviennent les premiers, la vraie vie reprend son cours normal, le monde marche sur les pieds, personne ne savait quel effet cela pourrait faire ni même quelle forme prendrait ce nouveau monde.
Anaïs en est restée comme deux ronds de flan, au mitan de sa vie, avec ses veines apparentes, ses yeux exorbités, ses cernes couleur cendre, son maquillage qui ne relève pas sa fadeur, ses lèvres huilées, déjà épuisée par le monde d’avant.
Elle aspire encore à courir, après quoi ? elle-même l’ignore, n’a pas été programmée pour se promener, savourer, tendre la main à autrui, prendre le temps.
Elle voudrait pleurer mais n’y arrive pas, voudrait aimer mais n’y arrive pas, voudrait s’émouvoir mais n’y arrive pas.
La vie l’effraie. Tout ceci est si nouveau.
© Louise Salmone
Comme je comprends qu’Anaïs ait peur du monde actuel.
Ni smartphone ni ordinateur ni réseaux sociaux ne peuvent malheureusement rien pour elle… à part si, comme moi, elle regarde deux fois (je dis bien deux fois) ce génial extrait de la Symphonie d’un nouveau monde de Dvorak.
J’avais découvert Gustavo Dudamel alors qu’il dirigeait le concert du Nouvel an de Vienne. A lui seul il m’a momentanément fait oublier Ansermet, Dinu Lipatti, Barenboim, Karajan et Menuhin.
Si Anaïs et tous les jeunes actuels jetaient leurs smart’s et le rap aux orties, le monde leur apparaîtrait un peu plus vivable.
Encore merci Louise. J’envisagerais même de partir en vacances avec vous…
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Merci beaucoup pour votre lecture et votre mot qui m’a bien fait rire (surtout le passage des vacances), salutations à vous trois (donc Nico compris 🙂 )
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❤❤❤
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Merci, très bonne soirée, 🙂
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Très bon ! et le révolté Dudamel en prime…
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Merci beaucoup pour votre lecture, et il faut dire que G. Dudamel est juste… Top !
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Avec la Symphonie du Nouveau Monde de Dovrak en prime. J’adore son utilsation des cordes. Tiens! Musique de dimanche matin. Sérénade pour cordes en mi majeur.
https://music.youtube.com/watch?v=CRcbDMg56yg&feature=share
Bon dimanche Louise!
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Merci beaucoup et pour la lecture et pour le lien, sérénade de dimanche soir et tous les jours de la semaine aussi 🙂
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Un beau nouveau monde, ouaiais 😀 avec une belle symphonie et pour quand Louise ???
Belle soirée !
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ça peut arriver à n’importe quel moment, c’est ce qui est bien 🙂 bonne soirée à vous également
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Merci pour ce texte puissant qui me parle beaucoup et qui résonne encore plus après avoir vu « sans filtre » au cinéma. Espérons qu’Anaïs arrive à pleurer et puisse à nouveau sourire pour de vrai 😉
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Comme vous dites si bien…, merci à vous, très bonne soirée 🙂
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Elle l’a aimé dans les maïs, le ciel était couvert de pomme, s’en souvient-elle ?
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De ce temps du « début », il ne lui reste aucun souvenir, merci pour votre lecture 🙂
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Peut-être cela va t’il lui rafraichir la mémoire ?
J’ai bien aussi la chanson « Un monde nouveau »,
je l’ai découverte cette été dans ma voiture, comme ils disent, on en rêve tous d’un monde nouveau, et je crois qu’à chaque époque on rêve d’un monde nouveau, le monde que Lennon évoque, invoque, dans « Imagine ».
Je te lis avec grand plaisir, bravo.
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Thiefaine, Feu chatterton et Lennon, que du beau monde ! Merci beaucoup. Oui nous sommes très nombreux et nombreuses à rêver et désirer un nouveau monde, qu’on se le dise. Super pour les liens.
Et j’apprécie tout autant vos poésies et jeux de mots. Très bonne soirée ou nuit ou bonjour. 🙂
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Ça sera bonjour. Pas beaucoup de jeux de mots ou de poèmes cette semaine, c’est un euphémisme. Pourtant j’ai écris mais rien qui tienne la route. Il y a bien quelque chose que j’ai eu envie de partager mais je n’avais pas d’appareil photo et les mots ne sont pas (encore ?) venus, c’est le scintillement de la mer alors que j’y faisais des brasses hier, une grande bouffée d’amour.
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très bonne semaine quoi qu’il en soit 🙂
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brut de décoffrage… Merci à vous.
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Merci pour votre lecture,
et les artistes que vous faites découvrir,
très bonne journée 🙂
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« La vie l’effraie », c’est un bon début pour retrouver la capacité d’émotion. A moins qu’elle ne se laisse ébouriffer par la baguette de Gustavo !
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J’ai bien ri, merci pour votre lecture, très bon début de semaine 🙂
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En premère lecture, on pourrait se dire « pauvre Anaïs », mais en seconde lecture il faut se dire quelle chance, Anaïs de repartir pour une nouvelle vie, qui lui appartiendra, qui sera la sienne et non celle imposée par le reste du monde, de l’ancien monde.
Bonne journée, Louise, et merci pour la musique (Dudamel, je l’ai entendu « en vrai » le mois dernier pour Tosca de Puccini à Bastille, quel chef !)
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La chance que vous avez d’avoir vu en vrai le maître ! Et la chance pour nous que vous partagiez passion et connaissance « opéresques »,
et oui quelle chance pour Anaïs !
très bonne journée 🙂
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Oui, grand chef ! J’ai beaucoup aimé les subtilités orchestrales du lever du jour sur Rome au début du 3e acte. Mais pour répondre à Danielle, sa chevelure n’est plus du tout ébouriffée. 😉
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En regardant les nouvelles, on a l’impression que l’humanité est en train de s’autodétruire et que la fin du monde est proche… mais alors vive le futur nouveau monde dirigé par Dudamel, je vais le faire écouter à mon père il adore cette symphonie merci Louise !!! …
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Que de bonnes nouvelles ! Version nouveau monde 😉😃. Salutations à votre père 🎼🎶, et très bon week-end à vous 😃😃😃
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